Il y a 2 ans, j’ai fait le grand plongeon inverse de la vie d’expat. Celui du retour au pays. Et après de multiples crises identitaires (Pas complètement résolues mais ce sera un sujet pour plus tard) et des envies de tout plaquer et rentrer à Londres tous les 4 matins, enfin, j’ai trouvé une forme d’équilibre dans ma nouvelle vie dans le sud. En tout cas à l’heure où j’écris cet article – car j’ai bien compris que l’effet yoyo fait partie du quotidien désormais. Je ne compare (presque) plus en me disant que “c’était mieux avant”, mais je constate les changements, dont certains avec bonheur, et d’autres avec… humour.
Le quotidien
- La vue le matin pour aller au bureau n’est plus la skyline londonienne depuis Wandsworth Park, la district line en traversant la tamise à Putney, ou les tours de La City . Désormais je vois le soleil se lever derrière le capitole. C’est pas mal non plus.
- J’ai trouvé les 3 cafés qui servent du bon flat white à Toulouse. Mais ils n’ouvrent pas avant 9h30 alors la semaine, c’est le café allongé de la boulangerie pour aller au boulot…
- Avant je mangeais quand je voulais et ce que je voulais. A Toulouse, j’ai enfin compris qu’après 14h30 , il vaut mieux se faire à manger soit même car les cuisines sont fermées…
- Les weekends ne se passent plus à flâner à Primrose Hill, Notting Hill ou partir pour une journée à Brighton, Whitstable ou un week-end à Bath mais plutôt à arpenter tout le Sud Ouest, de Leucate à Biarritz, en profitant des plus beaux villages d’Occitanie, ou parfois, en revenant pour un week-end à Londres.
- Le rooftop le plus haut à Toulouse est au 6ième étage des Galeries Lafayette. C’est très sympa mais ça change du 40ième étage du Duck and Waffle, Sushi Samba, Sky Garden ou autre bars à vue à Londres.
- Avant je prenais l’avion tous les mois pour rentrer en France ou voyager aux 4 coins de l’Europe. Maintenant je prends le TER pour rentrer chez mes parents…
- Avant je n’allais pas vraiment chez le docteur car le NHS n’est pas vraiment le meilleur ami des Français à Londres… Maintenant j’ai une mutuelle et je fais la tournée des docteurs, presque avec bonheur.
Les bon deals
- Je mettais 3 mois d’anticipation, 100€, 6h porte à porte dont métro + train + avion + voiture pour rentrer chez mes parents. Désormais je décide souvent à la dernière minute et j’ai 25 minutes pour environ 10€. Le meilleur deal de toute la liste.
- Avec, en autre top deal, un grand appart coup de coeur que pour moi, acheté en plein centre de Toulouse. Après 8 ans en colocation, c’est une autre vie. (Même si je dois reconnaître que parfois, cette vie en communauté à échanger avec des colocs devenus amis et originaires du monde entier et avoir la liberté de ne rien détenir me manque un peu… )
- Et l’autre méga deal: J’ai pris en moyenne 15 degrés de plus (Parfois je n’en demandais pas tant d’ailleurs, comme en plein mois de Juillet caniculaire par exemple…), et je ne me lasse pas de cette lumière dorée du sud, toujours aussi sublime et hypnotisante toute l’année.
- Puisqu’on est dans les bons échanges, l’autre gros avantage, c’est l’accès à la nature. Les Pyrénées à 1h30, la campagne à 30 minutes, la méditerranée à 1h30 et la côte basque à 3h en voiture ou train. Bon les immenses parcs et journées autour de Londres étaient aussi la preuve d’exutoires idylliques. Mais à Toulouse, je me sens tout de même dans une vie beaucoup plus en phase avec la nature.
- J’ai la sensation d’avoir fait une sorte de pas en avant vers le Slow Living via un style de vie plus ancré et humain (Même s’il l’est beaucoup moins que ce que j’avais idéalisé ou ce que je me croyais capable de lâcher de la vie citadine…)
- Et enfin, l’autre super deal: 4h de voiture ou train pour se rendre à Barcelone, la capitale voisine, dont je profite avec bonheur, et qui m’a fait les yeux doux pendant longtemps.
Les deals encore en cours d’acceptation
- Par contre, je ne parle presque plus Anglais. J’essaye de compenser avec les lectures, séries et quelques anciens collègues avec qui je travaille toujours un peu, mais ça c’est le changement le plus difficile à accepter. Alors j’essaye de toujours me rappeler que choisir c’est renoncer, et je réfléchis encore à comment réintégrer l’Anglais dans mon quotidien…
- Mon nouvel entourage est super mais quasi que Français. Qui aurait cru que les Brits me manqueraient autant?
- Je ne fais quasi plus de franglais – Sauf quand je me retrouve avec des internationaux bilingues qui sont habitués à jongler entre les 2 langues. Un peu comme si le naturel revenait au galop.
- Ma montre Fitbit est à la retraite. Je faisais en moyenne 15000 pas par jour et 4 à 5 session de sport ou yoga par semaine. En échange j’ai pris 2 kg, perdu du muscle et j’atteins avec peine mais détermination les 10000 pas par jour.
- J’avais une énergie à revendre, certainement portée par la mythique énergie Londonienne. Toulouse, c’est une ville du sud plus posée. Ça a ses avantages et quand je retourne à Londres, je me sens toujours beaucoup plus posée et ancrée qu’avant.
Yoga, Sport et wellness
- J’ai troqué Classpass et des salles comme Core Collective pour Movida, notre chaîne de salles de sport locale et… historique. En place depuis… 20 ans? Elles ne semblent en effet pas avoir vraiment changé depuis mes années étudiantes. On est plus du tout dans le “Come on guys, push yourself“, mais plutôt dans le “Salut Didier!” ou “Allez y tranquille pas besoin de trop pousser”. 2 salles 2 ambiances.
- Je ne fais plus de hot yoga dans mon studio préféré, ce yoga complètement regénérant qui me faisait récupérer ou libérer les tensions comme rien d’autre. Ça n’existe que dans un studio loin et cher et version Bikram. Alors j’y retourne dès que je peux quand je vais passer un week-end à Londres.
- J’ai changé mes marques de sport et yoga préférées et troqué sweatty betty ou lululemon pour… Je cherche encore. Décathlon quand je suis désespérée, Uniqlo ou de petites marques locales vendues dans mon studio de yoga. Même niveaux fringues, rien n’égale la scène sport et wellness au UK.
Nourriture
- J’ai enfin fait le deuil de Prêt à manger au profit des boulangeries. Mais quand je retourne à Londres, j’y finis toujours au moins une fois. Normal.
- Je ne mange plus du tout Indien. Mon restaurant Indien préféré à Tooting (Cardamon) me manque toujours autant, et aucun ne me donne envie à Toulouse.
- Je ramène régulièrement des légumes du jardin de mes parents, et ça, c’est l’un des plus grands “petits bonheurs” du quotidien.
- Je fais régulièrement le marché le dimanche, ma nouvelle activité favorite. Ils sont grands, beaux, souvent sous le soleil, et toujours super chaleureux avec des espaces pour déjeuner ou boire un verre de vin.
- Je n’ai jamais mangé autant de tapas, la gastronomie locale venue des voisins Espagnols.
- J’ai abandonné l’idée d’être 100% vegan ou végétarienne pour des raisons d’intégration sociale dans une ville de “gueleton” et “régalade“…
Le boulot
Ahhh rentrer travailler en France. Un article que j’ai en tête depuis bien longtemps tant il mériterait de s’y pencher. Mais pour l’instant, restons sur les grandes lignes des changements majeurs.
- Je n’ai plus à proposer des tournées de thé à qui que ce soit, et ça, quand même c’est le grand soulagement (Voir article sur travailler avec des anglais)
- Les rainbow cakes et cupcakes ont été remplacés par des croissants, chouquettes et chocolatines et ça aussi, c’est un autre grand soulagement. Même si j’aimais bien Colin the caterpillar tout de même (Tellement connu qu’il a une page dédiée sur le site de M&S.. !)
- Le travail se fait en silence. Plus de backstreet boys ou playlist des spice girls en fond…
- J’ai troqué un Wework de folie au bord du canal à Paddington pour des bureaux style années 2000 (Je dis pas 90 au cas où mes collègues tombent sur cet article ;) …
- Avant on se retrouvait 5 minutes de temps en temps pour râler entre Français sur les Anglais dans un couloir. Ça nous faisait la dose pour la semaine. Maintenant, c’est un peu le quotidien…
- Fini les lunch Al desko soupe du M&S et chips devant le bureau. La pause dej se passe à à la cantine et peut vraiment durer 1h. Hors de question que le Français n’en rate une seconde…
- Je me suis sentie très seule en Août quand je n’ai pas spécialement vu l’intérêt de poser des vacances puisque je vis dans le sud et ai trouvé les week-ends d’été assez exotiques…
- Je suis passée de 4 semaines de vacances (+ jours fériés, le bonus toujours indiqué dans une fiche de poste UK comme si c’était un avantage de dingo) à 7! (+ jours fériés bien entendu, pas besoin de le préciser en France…) Et ça, ça peut faire réfléchir sur tout le reste…
Les applis mobiles
- J’ai troqué mon cher Classpass – le top 5 des applis que j’utilisais le plus – et l’accès à la crème de la crème des salles de sport londoniennes pour la salle de sport locale donc. Mais au moins, Didier de l’accueil dit Bonjour avec un grand sourire et connait le prénom de tout le monde.
- TFL est devenu Tisséo. Je suis passée de 11 lignes et en moyenne 1h30 de métro par jour à 2 lignes et en moyenne 15 minutes de métro par jour (Quand je le prends). Ça a l’air d’un échange gagnant comme ça mais la District line aérienne et spacieuse c’était quand même un autre délire que le métro Toulousain style légo.
- The Trainline est devenue SNCF Connect. J’ai même une carte de réduc SNCF dont je suis super fan.
- Les applis EasyJet et British Airways prennent la poussière et sont régulièrement offloadées par Apple quand je n’ai plus de place dans mon téléphone.
- BBC News a laissé la place Au Monde
- Citymapper a disparu de la circulation
Les petites joies
- Je vois mes parents et toute ma famille au sens large plus souvent et on passe de super moments en famille
- La vie dans une scène internationale me manque mais j’aime aussi la sensation d’ancrage et d’une vie plus saine et alignée, en famille, près de chez moi
- Je ne me lasse pas des couleurs vives magnifiques du centre ville Toulousain. Ces briques oranges qui contrastent avec un ciel souvent bleu vif. Magnifique.
- Je fais quasi tout à pied et j’adore ça
- J’aime bien entendre l’accent du sud au quotidien
- Je trouve les gens plus vrais, posés et sympathiques
- J’adore la vie de village dans la ville à toujours croiser quelqu’un qu’on connait
- Chaque weekend et convivial et plein de moments d’évasion et d’amour. En famille, chez les amis de longue date à voir les enfants grandir, ou aux quatre coins de la région.
- J’adore avoir Londres encore et toujours dans la peau, comme une seconde maison où me retrouver à tout moment et où tous les réflexes reviennent de façon intuitive en quelques secondes.
Laura C
octobre 23, 2022Bravo pour cet article, c’est toujours agréable de te lire :)
Fanny
octobre 23, 2022Olala la je me suis tellement retrouvé dans ton article !!!! J’ai rigole plusieurs fois, tellement d’accord avec ton ancienne vie londonienne ☺️
Hâte d’y retourner car je n’y suis pas allée depuis 2019
emilie
janvier 2, 2023je vois que je ne suis pas la seule adepte du pret à manger!